Curieuse comme … une blennie !
(Anthony Leydet)
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S
i vous faites partie des plongeurs qui aiment se faufiler entre les anfractuosités des fonds marins, à la recherche des petites bêtes plutôt que de vous contenter de regarder passer quelques «vulgaires» pélagiques perdus dans le bleu, alors vous aurez certainement déjà croisé, au détour d’un rocher le regard d’une adorable blennie vous observant curieusement.
Ce petit poisson, dont il existe de nombreuses espèces à travers le monde, est en effet une des premières attractions de la vie sous-marine à laquelle le plongeur sera confronté. Peuplant les fonds dès la surface et généralement dans les dix premiers mètres, les blennies occupent les moindres trous dans les rochers ou les coraux dans lesquels elles se réfugient souvent en marche arrière.
On peut même parfois les surprendre dans le goulot d’une bouteille abandonnée ou, sortant la tête du trou d’une canette indélicatement jetée à la mer. A l’entrée de leur cachette, poste d’observation idéal pour espionner les alentours, il n’est pas rare de n’apercevoir que deux petits yeux globuleux et une large bouche munie d’une minuscule mais puissante dentition. Bien que démunies d’écailles qui sont remplacées par un mucus protecteur (d’où le nom de « baveuse » pour certaines espèces), et de petites tailles pour la plupart, elles n’hésitent pas à vigoureusement défendre leur territoire, quitte à attaquer… même un plongeur.
Posez la main par mégarde un peu trop près du logis d’une blennie, et elle viendra sûrement vous donner un bon coup de dents (n’ayez crainte, elle ne vous arrachera pas un doigt !), avant de rebrousser chemin précipitamment et s’enfouir au plus profond de son trou.
Courageuses, mais pas téméraires ! Soyez plus discret, et contemplez le fond sans mouvement brusque, vous aurez certainement l’occasion de susciter la curiosité d’une des leurs. Vous verrez alors ses deux yeux aux mouvements indé- pendants suivre chacun de vos gestes puis, ondulant sa longue nageoire dorsale elle tentera de vous approcher en s’élevant à quelques dizaines de centimètres au-dessus de son trou.
Position qu’elle ne pourra garder que peu de temps en raison de l’absence de vessie natatoire, jouant normalement le rôle de flotteur.
Certaines espèces de blennies sont difficilement différenciables et l’on utilise souvent pour les identifier, si elles en possèdent, la taille et le degré de ramification des tentacules disposés au dessus des yeux. A partir du printemps, les mâles prennent leur livrée de reproducteur, souvent foncée ou colorée et certains voient la longueur de leurs tentacules supra-oculaires augmenter. Les femelles pondent leurs œufs sur la roche, dans un trou de préférence. Les mâles se chargeront ensuite de les féconder.
“C’est une famille (Blenniidés) bien représentée en Méditerranée avec environ une vingtaine d’espèces”
Monsieur Blennie n’étant pas très fidèle il fécondera sans scrupule les pontes de plusieurs femelles. Réparties dans la plupart des mers et océans du monde, c’est une famille (Blenniidés) bien représentée en Méditerranée avec environ une vingtaine d’espèces.
Parmi les plus communes, la blennie gattorugine, la blennie pilicorne et la blennie de Roux font partie des moins farouches, et arborent une multitude de livrées. L’étang de Thau accueille la blennie paon qui y est largement répandue et fait le bonheur des photographes sous-marins. Plus étonnant, dans certains lacs et étangs comme le lac d’Annecy, on peut rencontrer une espèce d’eau douce : la blennie fluviatile.
Source : Magazine Chercheurs d’Eau Numéro 25 / page 8 / Mai-juin-juillet 2010