L’amour chez les poulpes

L’amour chez les poulpes

(Henri Eskenazi)

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L’être humain, quel que soit son degré de pudeur, ne s’accouple pas en public. Il se cache, s’isole, toute autre manière de faire traduisant une intention particulière, celle de provoquer, de respecter un rite initiatique ou de produire un spectacle.

Les animaux, au contraire, n’ont pas cette pudeur : il est en général facile d’observer leur comportement sexuel, même si cela l’est beaucoup moins dans l’environnement sous-marin que sur la terre ferme. C’est pourquoi notre connaissance de la sexualité animale sous-marine reste limitée et son observation précise n’en est qu’à ses balbutiements. Toutefois et pour peu que l’on s’y intéresse, les parades nuptiales et les accouplements sont relativement fréquents sous l’eau. Il faut juste être là au bon moment ! A noter qu’il existe des saisons plus propices que d’autres à ces observations, d’où l’intérêt pour le plongeur voyeur de se rapprocher des biologistes. Selon le principe Darwinien bien établi depuis la fin du XIXème siècle, les individus sont en compétition pour se reproduire. Dans le monde animal, les mâles et les femelles correspondent à deux stratégies reproductives distinctes, et affichent souvent des attitudes et morphologies différentes. Lors d’une de mes plongées près de Marseille, je constate, à treize mètres de profondeur le comportement particulier d’un poulpe (Octopus vulgaris) : il se tient bien droit sur ses huit tentacules, totalement immobile ou au contraire se déplaçant rapidement, sa robe changeant plusieurs fois de couleur, du blanc au marron foncé.
Je m’approche discrètement et constate qu’il fait fi de ma présence car il demeure concentré sur celle d’un autre poulpe (une femelle, je suppose?).  Apparemment, il courtise la belle sans la quitter des yeux. Elle, rampe sur le sol en se faufilant à travers les gorgones. Au bout de quelques minutes, la femelle écarte ses tentacules en éventail, en pleine eau. Le poulpe dominant pointe, de manière ithyphallique (en érection formidable), son hectocotyle qui sert d’organe copulateur. C’est son troisième bras droit. A cet instant de l’accouplement, le mâle introduit son tentacule portant les spermatophores dans la femelle offerte. La copulation dure quelques minutes en une danse endiablée : un festival de ventouses ! L’acte fini, le couple se sépare et chacun part de son côté, sans même un petit bisou tendre…
magazine chercheurs d’eau n°24 / p.14 / février – mars – avril 2010

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