MALDIVES Dhuni Kolhu,
Le paradis des tortues
(Texte et photos : Anthony Leydet)
Lors de son voyage aux Maldives, le biologiste et photographe Anthony Leydet est tombé sous le charme d’une petite île, dans l’Atol de Baa, encore à l’abri du tourisme de masse et véritable sanctuaire pour les tortues marines. Il nous fait partager ses découvertes.
Destination paradisiaque pour les jeunes mariés avec ses paysages de cartes postales et ses lagons idylliques, l’archipel des Maldives offre aussi aux amateurs de plongée une époustouflante richesse en biodiversité marine. L’atoll de Baa, classé Réserve Mondiale de Biosphère de l’Unesco, au même titre que les Galapagos ou Komodo, en est certainement le plus représentatif de l’archipel.
Lors de mon séjour sur la petite île de Dhuni Kolhu j’ai découvert une incroyable diversité d’espèces aquatiques et j’ai pu observer, de façon privilégié, la vie paisible des tortues marines.
Après 45 min de vol au départ de Malé, l’île verdoyante de Dhuni Kolhu apparaît au travers des hublots de l’hydravion. Nous amerrissons sur son lagon aux mille nuances de bleu. Bordée d’une large plage de sable blanc immaculé, l’île accueille un unique hôtel : le Coco Palm avec son centre de plongée le Coco Dive. L’hôtel est un havre de calme et de sérinité et son club de plongée permet d’aller à la découverte des plus beaux sites de plongée de l’atoll mais la particularité de l’île c’est la rencontre avec les tortues marines.
Le lagon bordant la face ouest de l’île, vaste et peu profond, abrite un herbier nourricier pour les tortues vertes, accessible en snorkeling depuis la plage. A 30 mètres du bord, quelques minutes de palmage suffisent pour rencontrer déjà de nombreuses tortues vertes.
Posées sur le fond, elles broutent tranquillement et restent totalement paisibles à l’approche des quelques nageurs curieux qui viennent les observer. Le lagon de Dhuni Kolhu est aussi un endroit privilégié pour croiser des tortues imbriquées qui fréquentent plutôt les zones coralliennes puisqu’elles se nourrissent essentiellement de coraux. Entre deux tortues il n’est pas rare d’apercevoir aussi de petits requins pointes noires, des raies pastenagues et une multitude de balistes.
En 2015, les hôtels Coco Collection ont noué un partenariat avec l’association de protection des tortues Olive Ridley Project, aboutissant à la création d’une clinique de soins pour les tortues marines sur l’île de Dhuni Kolhu. Accessible aux visiteurs, elle abrite plusieurs bassins accueillant majoritairement des tortues olivâtres (ou tortue de Ridley), une espèce peu observée par les plongeurs en raison de son mode de vie pélagique. Un grand nombre d’entre elles sont les victimes de filets de pêche abandonnés qui heureusement, ont pu être sauvées à temps. La clinique possède des salles de soins où une vétérinaire spécialisée dispose de tout le matériel médical pour les soigner (radiologie, table d’opération…). La plupart sont relâchées en mer après quelques jours ou quelques semaines de traitement, cependant les plus fragiles peuvent rester à la clinique plusieurs mois.
Toutes les plages de l’île constituent un formidable lieu de ponte pour les tortues. Les nids sont protégés et balisés par un panneau indiquant la date de ponte, l’émergence prévue (il faut 50 à 70 jours entre la ponte et l’éclosion) et, si possible, le nom de l’espèce de la tortue pondeuse. Surveillés par la biologiste marine de l’île et sa petite équipe, certains nids sont équipés de caméra infrarouge et de capteurs détectant intrusions ou éclosions. Parfois juste après une ponte, il faut procéder au déplacement du nid, jugé trop près de l’eau et voué à disparaître dès la prochaine grande marée. Un coup de pouce précieux pour ces espèces menacées à l’échelle mondiale. (Pontes et naissances de tortues olivatres et vertes sur Dhuni Kolhu : Entre le 1er janvier et le 31 mai 2025, 15 nids ont donné lieu à des naissances de bébés tortues. Sur1420 œufs, 987 ont éclos.)
Un groupe Whatsapp permet aux clients de l’hôtel d’être avertis de l’émergence imminente d’un nid afin de venir, sous la supervision de l’équipe scientifique, assister à la naissance des tortues, un moment rare d’intensité. Le silence est de mise et les lampes des téléphones et les coups de flash sont strictement interdits. Après une attente qui peut s’avérer parfois un peu longue, l’émergence débute et les fragiles bébés tortues s’empressent de rejoindre le rivage après avoir traversé la plage. L’effort qu’ils arrivent à déployer, tout juste sortis de leur coquille protectrice, est surprenant mais nécessaire afin d’optimiser leur chance de survie. On estime à seulement quelques tortues par ponte qui atteindront l’âge adulte. Souhaitons que les encouragements silencieux des témoins émerveillés présents sur la plage apportent à ces petites tortues la force nécessaire pour affronter les épreuves qui les attendent au cours de leurs aventures marines…
Pour en savoir plus sur Dhuni Kolhu :
www.cococollection.com/en/palm-dk
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@anthonyleydet_uw_photography